Entre Prince et Houston

Il était environ trois heures du matin quand Jiacovelli déplacait tables, chaises, et même parfois ses client pour installer son vrai baby foot venu spécialement de Paris, un vrai Bonansa. Il ne fallait pas moins de trois acolytes pour l'ammener de l'arrière salle à la salle prinipale. Si tous les clients n'étaient pas encore partis, ils allaient sûrement se lever et dégerpir rapidement, effrayés par l'hysterie collective qui règnait autour du baby. Parfois d'autres, un peux plus téméraires se levaient en titubant intrigués par ce sport exotique venu d'outre atlantique. Le seul baby foot de New-York se trouvait là en plein EastVillage.

J'étais là accroché au bar depuis des heures, essayant de terminer désepérément mon verre de Brouilly d'importation qui, se remplissait tout seul dès que je tournais la tête pour jeter un oeil sur les quelques femelles, gisant dans la salle, telles des carcasses de princesses, décadentes et évanescentes, à moitié écroulées sur leur table recouverte de reliefs, de bouteilles vides de vin français et, de paquets de cigarettes à moitié déchiquetés.

Les verres étaient grands, trés grands, bien plus grands que ceux que l'on utilise habituellement chez nous. Par un phénomène curieux qui me laisse encore aujourdhui perplexe, ces verres grossissaient aux fur et à mesure que la nuit s'écoulait, si bien qu'ils passaient successivement de verres à bols, puis bassines, baingnoires, pour finir très tard en piscine olympique. Vu l'heure déjà tardive, j'étais donc tranquillement assis au bout du plongeoire devant ma piscine en me demandant si oui ou non j'allais faire le grand plongeon quand tout à coup, une voix céleste semblant venue d'ailleurs me dit: "on y va!"... La descente fut instantanée.

Je suis passé du haut du plongoire sur mon tabouret de bar en un éclair. La piscine, comme par magie, avait repris sa taille initiale, soit un vulgaire verre à pied, à moitié plein, couvert de traces de doigts et de rouge à lèvre. A peine le temps de réaliser et d'esquisser un tour de tête pour voir d'où venait cette voix, qui venait de m'arracher à mon terrifique plongeoire que, la voix céleste réitéra sa demande: "on y va!".

Cette fois-ci la question était accompagnée d'une claque amicale dans le dos, ce qui me fit penser que la voix "celeste" avait toutes les chances de venir de mon ami Norbi. Le temps de rassembler mes esprits, mon paquet de cigarettes, mon briquet et, de laisser une poignée de Dollars au barman, nous étions dehors devant le bar qui éteignait ses lumières comme pour nous dire quil en avait assez pour ce soir. Le bruit déchirant du rideau de fer venait de s'abattre comme pour appuyer sa désision de nous rejeter.

Franck De Marco


Noter ce texte :

 
Votre e-mail
 
Votre note
(indiquez une note de 1 à 5)
Ajouter un Commentaire