#1

par
mathieu (Encorevivant)

#1

ça ne devrait pas être.
trop de sang, pas assez de terre, trop de murs, des gosses qui chialent sur
le cadavre putréfié de leur mère, pute sans nom sans compte bancaire
je suis rien ne, faute
les grattes-ciels s'affaiblissent sous le poids de mon dégout, les
supermarchés implosent au rythme de mes morts qui es-tu pour crier
plus fort qu'un homme, les animaux nous observent, nos yeux sont morts
vendus 3F50 au rayon surgelé

#2

les autoroutes se tordent mais les journaux n'en parlent pas
deux hommes sont sur un bateau ils se soient le bateau pleure-til
tout ça a commencé quand mon estomac s'est mis à me parler
de choses et d'autres
problèmes et choses insignifiantes
mais il continuait
pas moyen de le noyer, je lui parlais de tunnels remplis de sangs où
les carcasses de voiture parleraient aux cerfs blessés et gisant dans leur
propre fluide
rien : problèmes et choses insignifiantes
santé mentale découle d'un estomac à noyer
il s'en fout des cerfs qui parlent et des statues plus vivantes que nous
tous réunis

#3

il était une fois
araignée blanche aux pattes très fines que personne ne remarquait
ses yeux trop nombreux ne pleuraient jamais mais
sa toile réclamait vengeance
un costume fut réalisé, de la taille d'une cité
sa silhouette se déploya de toits en jardins
l'ombre de son ressentiment noyant les crétins asservis aux terrasses des
cafés
ses poils transparents miroirs de notre ennui
pour rien



SENS

grand paquet, petit gosse
se met à déballer
papier rouge s'entasse et
remue mais
le cadeau n'apparaît pas
sa voisine meurt
sa vie s'allonge et se recroqueville
position foetale
il doit être informaticien
avoir 40 ans, un chien, une voiture
un jardin et le cadeau reste caché
diminue lentement;
70 ans, une petit être cuit, une pension qu'il grignote comme une tranche de
pain rassis,
et toujours cette promesse qu'il n'a pu ouvrir
pelouse recouverte de tonnes de papier brillant
il approche, sa vie va enfin lui parler
à genoux il caresse les restes de ses espoirs
paquet tout petit maintenant, ridicule
ses doigts secs et transparents ouvrent son seul cadeau
en sort un cercueil en plastic, quinze centimètres de long
ses os fibreux et cassants s'entortillent dans sa poitrine
sa respiration se glace et ralentit
s'effondre sur un petit cercueil rose,
tandis que Ken et Barbarie baisent sur la table de la cuisine,
va-t-il pleuvoir?



#4

tout semble convenu
impression de vie étiquetés images d'archive
on a l'impression d'avancer
mais on flotte
nos désirs croupissent sur des comptes bancaires
mais c'est pas grave, rassurez-vous le monde est merveilleux :
vous pouvez achetez des aspirateurs, des télés 16/9 et la vie des autres
elles sont à vendre
la vôtre est fade, accumulez, classez, collectionner images et souvenirs
étrangers
tout est à tout le monde
face au vide, multipliez les instants
(faux et préfabriqués)
je m'en fous je suis amoureux et cela
m'éloigne
de ma propre existence



Je caresse la lumière...

je vomis
perte soulagement
il fait trop sombre
ma lampe : caché sous des fumées noires;pollution
trop paresseux pour allumer les étoiles
"le vin pénètre dans mes veines" : conneries
c'est dans le monde qu'il pénètre,
petite lumière méchante mais trop belle,
l'alcool soûle le monde autour de moi,
sobre et heureux,
la lumière danse timidement sur mon bras,
épaules
chatouilles
fée des clochards, je n'ose lui parler
belle mais méchante, lumineuse sur mon corps elle promène
le calme des tremblements de terre et des morts entrevues
tente de la saisir mais fuit
laissant derrière elle des poussières luminescentes
gouttes de sang;
subsiste un type seul dans une pièce
une bouteille de vin;
sans lumière

#5

classe, enfermé
êtres humains posés sur des chaises comme
des objets à collectionner
trop de Nike et d'indifférence
envie d'événement
tempêtes, des trucs violents
tous regards secs et poussiéreux
déjà
sauf
grands yeux qui me regardent
avec des émeutes qui nagent aux coins des pupilles
des bonheurs qui bourgeonnent tout en scintillements
trop belle pour endroit triste
merci d'être là quand même
le sol semble mou on s'enfonce
trop d'ombres
policiers partout
elle me parle je n'entends pas
n'écoute que ses yeux




Silence!

voix et
musiques meurent lentement
l'espace se vide d'une
substance sans nom
peux voir s'éloigner
légère déformation
palpitante et fragile,
le bruit ne se retourne
pas
le silence vous ment
se proclame absence
mes tympans rêvent
pourtant
cris étouffés,
lentement,
l'air s'emplit de bruit qu'elle
murmure
la folie les accompagne,
chuchotements
rires tristes,
les pierres pleurent
leurs morts;
je contemple les vibrations du vide

#6

occupations mécaniques
grignotent nos existences
corps indépendant
épiez
l'air se brise au contact d'un bras
s'agitant
frénétiquement
pour agripper lignes du temps
échec, retombe, les regards surpris
s'écroulent autour de vous
êtres multiples mastiquant
une identité étriquée
envient vos démences

#7

répondeur
crainte instinctive, l'animal remue soudain
cage thoracique résonne, haine
message, une voix vous parle, vidée mais claire :
"laissez un message"
étincelles dans ma bouche
indécision
la peur avance sur mon avant-bras,
vision d'un langue qui s'étire à l'infini
reproduction des cellules, duplication parfaite
tandis que le pc imite nos bruits
objets me parlent beaucoup
je raccroche

 #8

les bites se redressent au son
de stupides pulsions
du sang parcours les veinules de notre environnement
et nos désirs se réveillent endormis
les bouches se se cherchent
tandis que les salives s'apprennent
les corps nus et tristes essaient l'amour
d'un abattoir
nous échapper
trop de portes pour aller nulle part
les regards refroidissent
nos passions plastiques

#9

y a-t-il des solutions à nos vies
sous cellophane
les regards terrorisés vibrent sous le
plastique semi-transparent
alors combien coûte cet aspirateur
qui vous étonnera, vous comblera, ronronnant de mépris
sous la caresse de votre vacuité
combien coûte-il?
nos peaux sont recouvertes d'insectes
se promener dans les ruines et cracher
sur les mourants
y a-t-il des solutions à nos vies
sous cellophane

#10

mouvements;
mes yeux s'engluent dans leurs propres
informations
l'oiseau éclaté aux ailes
intactes belles et déployées
semblent naviguer sur la chaussée
éclaté son ventre aux constructions luisantes et grasses
architecture organique nous renvoie l'image vacillante
de notre propre complexité
luisante et déformée
s'agite encore
poitrine se gonfle d'instincts électriques
puis s'éloigne et meurt
ses yeux brillent plus fort
soudain;
il semble doux et je l'aime un peu
son sang épais bouillonne sur le sol
la voiture ne s'est pas arrêté

 

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Psycho

Très beau poème totalement halluciné ; violent, brutal, tu te bats avec les mots dans des convulsions sanglantes, tu déchires la syntaxe et mets le sens à nu.
C'est le bad trip, man, le bout de la route...


dadathithi

époustoufflant,j'adore ce type de poème,colère,délire des mots,des images,tout y est dans ce que j'aime lire et faire
BRAVO mon gars


josef.xx

Yeah yeah yeah....
Ne meurt pas, encorevivant, ca serai une perte pour l'univers
Même s'il n'existe pas (ou plus)


anonyme

étincelant et fragile ! hypnotique. j'adore