Alan Warner
Morvern Callar
10/18 n° 3 039

Morvern Callar, 21 ans, employée sous payée au supermarché du coin. Signe distinctif : un genou phosphorescent et un goût certain pour le Southern Comfort limonade. Quand elle découvre que son amant s'est tranché la gorge, vu qu'il peut plus râler, elle allume une Silk cut et décide de la garder pour elle. Pas chien, il lui laisse en héritage une carte bancaire et un roman à publier. Casquée de son Walkman, Morvern va improviser une nouvelle vie... L'Ecossais Alan Warner compose ici une voix féminine d'une rare authenticité, un personnage déroutant et attachant, un premier roman d'une force saisissante.

traduit de l'anglais par Catherine Richard

illustration de Sara Morris

première parution en Grande-Bretagne : Jonathan Cape, 1995

Liens

Alan Warner, romancier écossais halluciné - Les Inrockuptibles

Le grand air de la Callar par Libération (une critique très positive)

Critique de Morvern Callar par Le Matricule des Anges (N° 23 été 1998) (Une critique plus contrastée...)

Actualité de Jacqueline Chambon : Critique de Ces terres démentes

Critique de Disco Biscuits : 19 nouvelles d'écrivains anglo-saxons. Par Libération.


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Vos critiques

Critique par Yoann AUBRY

Critique

Alan Warner appartient à cette nouvelle génération d'écrivain anglo-saxon qui parle de l'influence du mouvement techno, acid-house, des ravers de la fin des années 80.

Morvern Callar, 21 ans, vit dans un petit port écossais avec son amant de 34 ans. (Alan Warner a sans doute utilisé ses souvenirs d'Oban en Ecosse où il a grandit). Lorsque celui-ci se suicide juste avant Noël, la question de la disparition du corps n'embarasse aucunement Morvern. Elle décide de le cacher au grenier, au-dessus de la maquette du village qu'il construisait.
Morvern part alors avec son ami Lanna faire la fête dans le village. Son amant lui a laissé une carte bancaire bien fournie et un roman à publier.

Personnage amorale, Morvern décide de changer le nom sur le roman et d'y apposer le sien. Grâce à l'argent gagner, elle pourra partir en vacances avant de faire le tour des raves du côté d'Ibiza....

Alan Warner a décidé d'écrire une histoire à l'image de son héroïne. L'écriture est simple, précise et directe. On retrouve ainsi des dialogues tel que :
"J'étais dans un coin touristique pas loin d'un aéroport avec des vols réguliers pour la capitale, tout çà : c'est facile quand t'as le fric
Y t'en reste ?
Des clous : tu te rappelles notre promesse ?
Ouais, elle rigole.
Jamais rentrer de vacances avec une thune en poche hein ? Ben c'est ce que j'ai fait. J'ai tout claqué : il a fallu que j'amprunte du fric à des gens de Londres.
des mecs ?
Non juste des cons."

Les personnages, outre Morvern et son amie Lanna du rayon boulangerie, n'ont pas de prénom. Ils s'appellent Lutte Finale, Fend la Bise ou encore Danse avec la Lune.
L'histoire est rythmé par une utilisation originale de la temporalite par l'auteur. Ainsi, un paragraphe peut décrire un mois tandis que trois pages vont relater une nuit.
Pour nous plonger un peu plus dans la peau de Morvern, les musiques qu'elle écoute dans son Walkman sont mentionnées à chaque fois (Can, Keziah Jones, Neville Brothers, Scritti Politti, ...), les vidéos qu'elle regarde également (Bad Lieutenant, ...)
Enfin, des phrases surviennent de manière récurrente, à chaque acte tel que : "je m'allume une Silk Cut avec le briquet plaqué or "

C'est un roman ecstasy, symbole de la rave generation. Morvern est un personnage emblématique, culte. Elle est attachante, proche de nous.

L'histoire a d'ailleurs été adaptée au cinéma....

Un premier roman à découvrir...


L'auteur

Alan Warner est né à Oban en 1964, dans le Argyll, comté du N-O de l'Ecosse, et c'est là qu'il a été élevé. Il quitte l'école à 16 ans. Il passe les 10 années suivantes en effectuant des jobs difficiles (conducteur de train, serveur,...) qu'il compense par les drogues, l'alcool et la danse.

Alan Warner a déboulé dans la vague des nouveaux écrivains écossais en 1995 avec Morvern Callar, puis avec Ces terres démentes (où l'on retrouve le personnage de Morvern) (These demented lands) en 1997.

Il vit à Edimbourg où il se consacre à son métier d'écrivain. En 1998, est paru The Sopranos, son troisième roman qui se déroule dans le même petit port que dans Morvern Callar, dont le succès a surpassé celui des deux premiers. Il est désormais considéré comme une valeur sûre de la jeune littérature anglo-saxonne.

Parmi les écrivains contemporains, il avoue s'intéresser à Mark Richard, Elizabeth McCracken, Thomas McGuane, Barry Hannah, Michael Ondaatje, James Kelman, E. Annie Proulx.