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Ray Shell
Crack
Journal d'un accro
editions 10/18 n°3114
335 pages / 44,65 FF

"Ce roman est le premier ouvrage de Ray Shell, un acteur américain de 38 ans, né en Caroline du Nord dans une famille noire de huit enfants. Etudiant doué, il s'oriente vers la musique et l'art dramatique.
Il compose pour Kate Bush et devient à Londres l'acteur- danseur-musicien-chanteur de comédies musicales à succès.
Lors d'une tournée aux Etats-Unis, il retrouve nombre de ses anciens amis, anéantis par le crack. Il tient à l'époque un journal de bord, pour ses enfants. Une forme littéraire qu'il conserve pour dénoncer l'implacable geôle que se forge peu à peu son héros."

Alexie Lorca - Lire

Extraits

"Je devrais manger plus, seulement je n'ai jamais faim.
Je bouffe de la came.
Qui me bouffe.
Tout cru.
Je sens mon corps se faire la malle...morceau par morceau...comme ma tête.
ma tête, avant, c'était un diamant.
Maintenant, c'est plutôt du verre, comme ma pipe.
Et pleine de fumée, comme ma pipe."

"Au début des années 80, j'ai fait comme tout le monde : la fête, la baise, la came.
Tout l'argent que j'avais passait dans la drogue et je ne quittais plus le Studio 54. J'y aurais bien travaillé, si j'avais pu.
mais c'était LA boîte."

"Mon chèque est arrivé hier.
Alléluia !!
Evidemment j'ai acheté du bourre-pipe. Je ne vais tout de même pas fêter l'anniversaire de la Nation sans planer un peu !!!"

"Ta vie est une excuse de bout en bout, mais une excuse foireuse !... Deviens adulte ou flingue-toi !"

 

 

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Vos critiques

Critique par Stéphanie Fauret (18/05/00)

"Je portais l'uniforme des bannis, j'étais devenu l'un de ces redoutés "sales drogués puants" ! Un lépreux. Une Méduse. Un intouchable."

Intro :

"Pas de date...
Je ne sais pas l'heure du jour qu'il est.
Je m'en tape.

On m'appelle Cornelius Junior.
C'est mon nom.
Enfin, je crois.
Je m'en tape."

Critique :

Prisonnier du Crack.

Crack est un livre éprouvant. Il relate sous la forme d'un journal la lente descente aux enfers de Cornelius, deuxième fils d'une famille noire de trois enfants.
Etudiant modèle jusqu'à seize ans, il passe son temps à dévorer tous les livres, tous les films, toutes les encyclopédies. La mort de son frère, Nate, toxicomane, va éclater le foyer familial et le précipiter dans le crack...

Ce journal débute le 14 mars 1991 pour s'achever le 23 juin 1992. Entre ces 15 mois, le service social, un producteur cocaïnomane, une femme de 40 ans et sa fille de 15 ans, un ancien rival de l'université, Mama sa mère, sa soeur mariée et de nombreux autres personnages vont faire et défaire la vie de Cornelius. Ils vont le faire plonger jusqu'à l'hôpital psychiatrique où Cornelius achève son journal et attend son jugement en méditant sur sa vie :
"Or donc, je suis là, sous les verrous, dans ce département pour tueurs et violeurs déments. Et je ne détonne pas dans ce contexte...je suis un assassin et un violeur. Ne serait-ce qu'assassin de ma vie et violeur de mon âme."

Tout au long de Crack, le récit de Cornelius nous bouleverse. chaque issue qui semble lui apparaître disparait rapidement en fumée. Quand ce n'est pas son psychothérapeute pervers, c'est sa société de show-bizz qui s'éffondre.
Ray Shell nous livre un roman choque, où chaque phrase fuse et atteint son but. C'est un livre sincère, où le réalisme semble trop parfait pour n'être qu'un simple livre de fiction. La difficulté du sevrage et les nombreuses rechutes de Cornelius en font un livre émouvant où l'on s'attache au héros malgré ses actes (que je vous laisse découvrir).
Un livre à lire absolument, il vous tiendra en haleine du début à la fin (qui est, elle, particulièrement haletante).