Dan Fante
Les anges n'ont rien dans les poches
10/18 n° 2 931

"Très honnêtement, j'ai craint le pire, pour au moins deux raisons. Primo, parce qu'un enfant qui chausse les bottes paternelles çà ne marche pas, çà s'écroule. Et secundo, parce que à tout prendre mieux vaut avoir pour géniteur Dumas le débonnaire que Fante le rageur. J'aurais eu tort de m'en tenir là. Car Dan Fante a su chasser les fantômes tout en hurlant son envie de vivre. (...)
Comme avec John Fante, il n'est pas un mot de son fils que l'on aimerait gommer, corriger, tout à la force de la confession des damnés.
Sublime ! Comme tous les livres nés dans la douleur . Et l'échec."

Gérard Guégan, Sud-Ouest
Traduit de l'américain par Léon Marcadet
titre original : Chump change

-Dan Fante- les 10 premières lignes

"Je m'appelle Bruno Dante et voici ce qui m'arrive. Le 4 décembre, le service des alcooliques et malades mentaux de l'hôpital Saint-Joseph de Cupertino, dans le Bronx sur Mosholu Parkway, m'a laissé sortir. On m'a relâché , pour changer. Comme à chaque cure, j'ai constaté l'augmentation des tarifs. Cette fois, je m'étais poignardé pendant un trou noir. C'était encore pire que d'habitude et ils ont failli ne pas me prendre. Tout ce que je voyais, en arrivant à l'hôpital, c'était du sang, le sang qui coulait de mon ventre sur mes habits."


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Vos critiques

Critique par Yoann AUBRY

Critique

Dan est le fils qui tient le plus de son père, le seul à s'adonner à l'écriture; il est trapu, avec les mêmes yeux, le même nez et le même menton que son père. Sous le pseudonyme de Bruno Dante (il ne faut pas creuser bien loin pour y voir un roman autobiographique), il nous décrit sa vie et celle de sa famille à l'approche de la mort de John Fante (ici Jonathan Fante), souffrant sur un lit d'hôpital des suites d'une complication de son diabète qui l'a contraint à être amputé des deux jambes alors qu'il a déjà perdu la vue depuis 5 ans. Il est entouré de son frère Fabrizio (25 ans et diplôme d'économie en poche), de sa soeur Maggie (30 ans) et de sa mère Joyce.

Dans ce livre, Dan Fante nous raconte ses constantes descentes aux enfers, défoncé au Mad-Dog 20-20 (vin rouge doux à forte teneur en sucre), lui provoquant de brusques accès de folies. Mais il ne s'arrête pas là, il nous dévoile ses relations avec son père. On le sent partagé entre l'envie de se protéger par une facade dure et son intérieur qui le déchire. C'est ainsi qu'il va s'attacher à Rocco, le pitbull de John, devant la détresse de l'animal, va se surprendre à dire "je t'aime" à son père. Dans un passage du livre, on le surprend même à négocier pour acheter dans une librairie Demande à la poussière de John Fante peu après la mort de celui-ci...Même si le cocktail cocaîne-alcool l'a démoli, lui a brisé son mariage avec agnès, on le sent parfois remplis d'espoir.

Ses aventures vont le conduire à rencontrer Amy, une prostituée de quatorze-quinze ans, à travailler comme représentant pour une agence de rencontre...

C'est un livre à la fois poétique et cruel, dans la lignée de son père où chaque mot vise juste, atteint son but. Ses auteurs favoris sont un gage de qualité et se retrouve dans l'écriture de ce livre; il s'agit de : Hubert Selby, Hemingway, Steinbeck, E.E. Cummings, Eugene O'Neill et Faulkner. Attention, Dan Fante n'est pas John Fante, il a sa propre personnalité et son talent original mais Les anges n'ont rien dans les poches constitue un excellent roman, à découvrir absolument pour les fans de John Fante et pour les autres...

Son deuxième livre en crachant du haut des buildings vient d'être traduit en français (Christian Bourgois éditeur)