Les loups manger la lune
Comme
une serveuse malpropre que démange son sexe
Le sait nauséabond, macule slips et kleenexs,
Chaque cité, chaque port s'épouille et de ses restes,
Des eaux sales distillées, épanche sa banlieue-Est.
Dieu
est bien étourdi, qui est propriétaire
De ces cages insalubres, pièges à buveurs d'éther,
Où des démons sans titre se servent en gibier
Et se lèchent les doigts, salivant braconniers.
Pourtant si l'on ravale sa crainte du béton
- Qu'un coup de fusil désosse la porte des latrines -
On touche le cœur qui bat sous cette peau d'usines ;
Palpitant fourneau où le diable cuit son goudron.
Et l'on peut voir alors les loups manger la lune,
Inventer des langages, psalmodier, lire les runes.
Car des odeurs de merde, de nos ghettos de Juifs,
S'élèvent des esprits rendus plus incisifs.
Lors
en banlieue s'éraille le poissonnier poète
Et des clochards hurleurs chantent la faim et l'alcool,
Tandis que la racaille en costumes d'opérette
Fracture les altimètres pour qu'ils chutent, qu'ils s'affolent.
Mais
qu'on essaye un peu, pour voir !
Finie la rigolade : ils lâchent la longe de leurs chiens aux
yeux d'onyx.
Toi… tu retrousses les lèvres et tu fais face… ou tu sprintes.
Et l'on sait bien, systématiquement, comment ça se termine.
Noter ce texte :