Salut, La beat generation était un peu en retard au Québec... J'ai écrit Les Affiches désaffichées sur l'endos de cartes perforées en 1970. Dactylographiées sur des listings de Cobol... Richard Mainville, Montréal, Québec

****

Affiches... 43

S'attrouper, le temps de tromper la vie...

+++

Avis à tous les sédentaires ambulants
Se tenait hier une manifestation
Qui aurait pu changer le cours de votre vie
Cours à rebuts...
Mais c'était hier
Et vous en avez rien vu !

+++

Chute ascendante

On ne sait jamais si le vertige
Vient d'un dégoût ou d'un égout.

Qu'importe
On se sent toujours plus à l'aise
Au bord d'un précipice
Que d'un verre d'eau...

Question d'inconvénients négligeables !

*****

Les murs se faufilaient derrière les affiches.

De Ti-Jean, on voyait que terne reflet.
Les murs de plus en plus gris d'oubli se délavaient sous la pluie.

Ah ! que l'hiver tarde à s'attarder !, baillait le boss !

La nymphe fredonnait : "Si on s'y mettait..."

Affiches... 44

Croire qu'on peut trouver dans l'ailleurs !
Surtout ne pas oublier d'y amener son coeur...

+++

Se creuser la tête pour trouver des idées...
Mais les idées ne sont pas en profondeur...
Elles effleurent la surface.
C'est donc dire qu'on fait fausse route !

Celle qui mène à Rome ou ailleurs
Aucune différence, puisque ce n'est pas celle-là...

Et puis qu'est-ce que ça peut bien faire ?
Prendre l'avion ou le métro
Pour boire un café trop chaud ou trop froid
Avec un petit goût de revenez-y pas.

D'ailleurs et même d'ici
Qu'il soit chaud ou froid
Que ce soit la première ou la dixième tasse
Le Colombien n'en saura rien...

*****

Sur le mur nu, frissonnant au grand vent du novembre,
l'affiche se sentait bien seule.

La nymphe avait beau s'y arracher les yeux, rien n'y faisait !

Boss ! La météo s'est encore trompée, la neige tarde à arriver !

Le boss, ramassant son courage à deux mains,
car au loin les sirènes recommençaient à hurler...

_ Pas surprenant, les gens bien l'ont toute sniffée !!!

Affiches... 45

Regarder sans voir, vivre à en mourir...

*****

À noter, très significatif !
Les singes ne grimpent plus aux arbres.
Est-ce là un signe avant-grimpeur
De l'élargissement de la capacité cérébrale de ces bipèdes !

Non, c'est seulement
Qu'il n'y a plus d'arbres...

++++++

Ti-Jean, se croyant bien malin,
commença une grève de la faim...

Le vent cinglait de pluie.
La foule brandissait parapluies.
L'escouade se regroupait et,
le boss ne comprenait plus rien à son histoire.

La nymphe se refusait à tout voir en noir.

Affiches... 46

"Quand le soleil dit bonjour aux montagnes,
je suis seul et je ne pense qu'à toi... "
...air country interprété par Willie Lamothe !

+++

Un dingue d'homme

Un peu dingue, mais quand même présent,
un homme s'agrippait à la paroi.

Par delà la paroi, un précipice.
Le précipice ne sachant trop quoi faire
par ce jour de pluie,
s'amusait à faire le tour de la paroi,
déjouant ainsi tous les calculs du dingue d'homme.

L'homme dingue ne s'en faisait pas trop,
il était dingue et présent, agrippé à la paroi.

Puis, tout à coup, la paroi,
qui elle aussi trouvait la pluie moche,
fût envoûtée par le précipice.
Elle lui demanda s'il ne voulait pas devenir paroi.

Le précipice,
après avoir longuement observé le dingue d'homme,
acquiesça avec ampleur à cette demande...

Un fou de moins !!!

*****

La nymphe, de trop court vêtue, pensait :
Les murs blancs attirent les mots noirs...
Ti-Jean l'afficheur, ne parvenait pas à distinguer le noir du blanc,
Ça faisait trop longtemps...

Le boss bedonnant se voyant acculer à la faillite,
décida encore un fois de prendre la fuite...

Justement, il y avait grand vent !

Affiches... 47

Suivre les chemins d'un autre possible
Y faire surgir lumières
Pour que la réalité y retrouve sa voie...

+++

Brave tortue, va !
Où vas-tu de ce pas ?

Je m'en vais n'importe où...
Attends-moi, j'y vais itou...

+++

Des va-et-vient sans suite
se glissant dans le noir,
jusqu'à ce que lumière se fasse !

*****

Les vêtements si courts de la nymphe n'étant d'aucun secours !
Ils furent collés au mur en plein jour !

Le déshabillé de Ti-Jean ne couvrait que l'essentiel...
Au mur lui aussi, malgré l'annonce du gel !

La nymphe se colla à l'afficheur, tout contre le mur,
avant qu'il ne décolle ! Que de bricoles...

Le boss, toujours au grand vent,
jugea qu'il valait mieux sacrer son camp
avant que l'escouade ne rapplique avec son décollant...

- Boss, elle est tellement collante que je n'arrive plus à m'en défaire...

_ Bien, quoi ? T'en voulais d'la colle...

Affiches... 48

Chérir ses souvenirs,
les enrober pour les prémunir de l'oubli!

+++

Eau qui coule, qui découle,
s’enfoule et se refoule
Regard trop connu, pas assez vu
Ni assez vide, trop peu plein
Bafouillement,
fuite et on ne sait plus le reste...

Vie trop existante, trop encombrante
Crainte et envie, désir et faim,
fuite et silence

On ne peut rester devant un soleil
sans le regarder,
sans se détourner les yeux et la tête.

Sans parler pour se taire
sans croire et nier
sans désir et refus !

L’eau se fige
Mais continue à couler
Le courant ne s’enchaîne...

*****
La nymphe, de sa chaleur, couvrait le froid afficheur.

L'afficheur n'en croyait pas ses os, ni ses chairs !
Malgré le froid de son indifférence, il était tout en sueurs...

Le boss, n'en croyait plus ses yeux !
Ses bretelles avaient peine à garder leurs positions !

L'escouade approchait à pas de sangliers ! Ah ! Ces cochons...

Ti-Jean, Ti-Jean te voilà bien mal pris, parce que tu affiches sans
permis !
As-tu ta carte ? Fais-tu partie de la charte ?

Heille boss, tu ferais mieux de retourner à tes bécosses !
Sinon les yeux vont te sortir de la tête... De dire l'inassouvie nymphe...

Affiches... 49

L'espace vide ne le reste pas ! Il y a trop d'avides...

+++

Assez curieux, vous ne trouvez pas ?
Ces nuages qui passent sous vos têtes
Pleines de terre et d'eau !

Mais, ne vous en faites point.
Tout cela peut ne pas s'arranger...
Perspective pour la moins, heureuse
pour le plus, malheureux...

Non, vraiment c'est trop,
Beaucoup trop !
Cette solution est beaucoup trop plausible
Bruits de pluie sur une peau...

Les mécanismes interchangeables
Dans leur unicité rigide
Ne peuvent s'en tenir à une telle évidence.
Il leurs faut des tics et des tacs !

Sans cela, c'est la panique
Ordonnée, en rang deux par deux,
S'en vont et s'en reviennent les idées
Asséchées déshydratées...

*****

L'afficheur regardait son frein s'user.
Pourquoi fallait-il suer si intensément !

Cela risquait de faire décoller son affiche...

La nymphe se demandant comment,
mais comment donc faire jaillir la sève de ce grand efflanqué.

Le boss faisait diversion !
Il racontait histoires à dormir debout
pour rallonger le temps qui se faisait vieux...

L'escouade sentait venir la fin.
Odeurs âcres de chaussons fort longtemps portés !

Affiches... 50

Perdue et amorphe, la foule déambulait vers la bouche du métro.
Rien n'est trop beau pour les fourmis ouvrières...

++++
Ils n'ont pas vu l'homme à la tête désaffichée
Ils n'ont pas pris les deux choses différentes
Ils se sont contentés de boire
Sans même démousser le breuvage de toutes les vilainités
Qu'ils avaient pensées...

Non ! Ils n'ont rien fait
Sont restés sur place
À regarder s'écouler le liquide rouge
Qui coulait des yeux des iglootiers.
Se sont racornis dans leur état de béatitude.

Ils n'ont pas gardé la droite
Se sont gavés, emplis,
Sans s'occuper des considérations générales.
Ils sont restés là, à rire,
À détruire un soul,
À se contenter d'un système
relatif au blanc et au noir.

Ils ont signé leur arrêt de vie, sans s'occuper du reste...

Nul ne répond, tous se taisent...
Ils refont leur thèse
Et s'en vont à leur travail
Et s'en retournent à leur maison
Pour s'endormir avec des x ou des y...

********
La nymphe ne lâchait prise,
malgré la brise qui se transformait en blizzard !
Tant de bises sans en recevoir le bis !

D'avoir tant suer, suer debout et à genoux, à en perdre son fou.
Ti-Jean repensait à toutes ses blanches, qui dans un ailleurs meuglaient
leur dévotion !

Et toujours le Boss de conter ses histoires...
L'escouade commençait à prendre du mou...
La foule comme de raison, faisait la moue...


Affiches...51

Sans tendre pour s'étendre...
Cent tendres, le sourd s'étrangle...

+++

Si on accepte les limites de la malentente usuelle
On s'aperçoit que rien n'est perçu,
du moins et au plus,
pas dans le même univers
ni même à l'envers...

On en arrive ainsi
à aligner les points d'un cercle,
Tout à fait frustré de n'être plus lui-même.

*****

L'escouade émettait un appel saccadé
de matraques sur boucliers teintés...

Le boss, pour une fois, était bien éveillé !
Il leur récita d'un bout à l'autre la convention de Genève
ainsi que la charte canadienne des droits de l'homme.

La foule se détournait, pour ne point bailler à la corneille,
en jetant des regards voyeurs sur le couple
qui faisait du collé-collé,
démontrant vigueur
tout du long du mur mûr qui s'en prenait à l'affiche.

Ti-Jean pensait encore à ses douze bien belles blanches...
La différence, qu'il se dit :
Le travail même fait en souriant reste du travail...

La nymphe aurait voulu que ça dure tout le temps !

Affiches... 52

Le temps se saigne à blanc...
Trop froid pour se coucher sur un banc au grand vent !

++++++

Au galop
Idées trop courtes
Mots trop imprécis
Vie trop encombrante...

Au galop
Vous pourriez atteindre la limite
Plus rapidement
Moins essoufflés !

******

Le vent était tombé sans se faire grand mal.
La neige folâtre couvrait le décor
Et les corps nus, au mur, ne s'agitaient plus bien fort...

L'escouade, après avoir dormi debout, prit son trou.
La foule repartit sans le saoul qui restait à genoux...

Le boss eut le temps de se grailler d'une jument-moteur
qui ronflait bonne chaleur !
Il prit le grand drap vert d'Agobert
et en couvrit les amants !

Tout le monde se fiche des affiches !
Venez vous-en les enfants, on change d'histoire !

"En passant par Lacolle ! ", de frémir la nymphe repue !

Et Ti-Jean dormait, rêvant à une course sans fin !
=====================================

Voilà, ainsi s'achève ce recueil... "Je n'ai plus rien à dire sur ce sujet pour l'instant..." ...Forrest Gump À la prochaine, off course ! Ricardo Manovile


Noter ce texte :

 
Votre e-mail
 
Votre note
(indiquez une note de 1 à 5)
Ajouter un Commentaire