Music Planet
sur Arte
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The Beach Boys : Endless Harmony
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1ère partie |
Sam 3 avril 00.20-01.15
Redif Ven 16 avril 02.00-02.55 |
2ème partie |
Sam 10 avril 00.20-01.15
Redif Ven 16 avril 02.00-02.55 |
L'avis
de Beat Whisky & Poésie
Pour
beaucoup, le nom des Beach Boys évoque de petites bluettes
"niaises" à écouter en vacances. Cette impression
est légitime si l'on se base sur les premiers travaux des Beach
Boys ou sur l'impression de légèreté et de simplicité
qui se dégage à l'écoute de leurs albums.
Mais les Beach Boys ont aussi su créer, par l'intermédiaire
de Brian Wilson, compositeur de génie, de fabuleuses harmonies,
époustouflantes de technique, de maîtrises vocales (même
si l'on a toujours dit que le succès des Beach Boys était
prodigué par cette impression de savoir bien chanter lorsque
l'on chante un de leur tube)...
Tout le travail de Brian Wilson est représenté dans
cet album au combien culte qui a été réédité
en 1990
Un album indispensable, pour un prix très modique (59 francs).Ne
manquez pas non plus les rendez-vous de Music Planet (voir ci-dessus).
Des
vagues à l'âme
(résumé de l'article de Télérama n°2568)
Ils
ont conquis les minettes en bikini et ébloui les Beatles. Mais
sous leur rock ensoleillé, les garçons de la plage broyaient
du noir...
"Brian,
ouvre, c'est moi, Paul, je sais que tu es là !". Le visiteur
indésirable qui tambourine ainsi à la porte un jour
de 1967 s'appelle Paul Mc Cartney et exerce l'enviable profession
de membre des Beatles. La maître de maison se nomme lui Brian
Wilson, célèbre pour avoir écrit la plupart des
succès de l'orchestre californien répondant au nonm
de Beach Boys. On prétend qu'il s'est claquemuré dans
l'antre qui lui sert dà la fois de logement et de studio.
Les problèmes psychologiques de Brian Wilson sont aussi complexes
que les mélodies qui lui trottent dans le cerveau. A la tête
d'une chorale familiale composée de ses deux frères
et de ses deux cousins, il s'est vu soudain catapulté Mozart
du rock et leader du groupe le plus célèbre des Etats-Unis.,
enchaînant tube sur tube et tournée sur tournée.
Trop de travail, trop de drogues, trop de pression. Ajoutez à
cela un père abusif - qui s'est autoproclamé manager
avant de se faire virer par ses fils - une industrie discographique
rapace qui en réclame toujours plus et un redoutable rival
venu d'Angleterre : les Beatles. La coupe est pleine pour Brian.
Il y a trois ans, il a décidé de déserter les
concerts, préférant se consacrer à la composition.
C'est que le surf, les filles bronzées, le sable californien,
il en a ras la casquette. Il veut écrire autre chose que ces
scies ensoleillées niaisement optimistes qui ont fait le succès
des Beach Boys : des histoires de flirts sous les palmiers et de galipettes
dans les vagues, comme Surfin'USA, Surfin' Safari ou
Surfer Girl...
Au début , la recette de Brian était simple : mélanger
le tempo du rock'n'roll façon Chuck Berry aux harmonies vocales
des Four Freshmen, un quintette de jazz des années 50. L'alchimie
a si bien réussi que les Beach Boys (ainsi nommés en
souvenir de leurs aïeux émigrés en Californie et
obligés de camper sur les plages) sont devenus le groupe idéal
pour surprises-parties en bikini ou barbecues sur gazon. Et Brian,
le grand garçon joufflu et timide, s'est vu contraint de poser
en chemise avec une planche de surf sous le bras alors qu'il déteste
ce sport.
Avec ses frères, Carl et Dennis Wilson et ses cousins, Mike
Love et Al Jardine, Brian a d'autres ambitions : faire mieux que les
Beatles qui viennent de sortir un disque aux arrangements d'avant-garde,
Rubber Soul; écrire des sortes de "symphonies de
poche" qui ne se contenteraient pas des trois accords rituels
et des structures traditionnelles du rock. Alors il travaille comme
un forcené, peaufinant des contre-chants, superposant ses instruments,
parsemant ses chansons de chausse-trapes mélodiques, de sonorités
baroques, de brisures de rythmes. Et surtout, laisse transparaître
l'insondable mélancolie qui l'habite...
Après le morceau God only knows, une merveille de pureté
harmonique, le voilà qui chamboule le format pop avec Good
Vibrations (qui devait figurer sur Pet Souns à l'origine),
une sorte d'épopée lyrique vocale en plusieurs mouvements,
un miracle d'équilibre acrobatique qui semble à la fois
d'une vertigineuse complexité dans l'écriture et d'une
confondante simplicité pour l'oreille. Le résume de
ses recherches, l'album Pet Sounds, paru en 1966, ne recueille
pourtant qu'incompréhension du grand public : mais où
sont les tubes là dedans ? Les Beatles, eux, sont si impressionnés
qu'ils relèveront le défi l'année suivante avec
leur disque Sergent Pepper's. Et Brian Wilson épuisera
ses dernières forces en tentant de réaliser une oeuvre
qui ne verra jamais le jour, le légendaire et fantomatique
Smile.
Brisé physiquement et moralement, abasourdi par le décès
accidentel de son frère Dennis - le seul de la bande qui faisait
vraiment du surf en est mort...- viré par les autres membres
du groupe pour d'obscures raisons financières, Brian Wilson
disparaîtra pendant vingt ans. Avant de resurgir, en 1988, bourré
de neuroleptiques et flanqué d'un psychiatre-businessman un
tantinet douteux. "Je pesais plus de 150 kilos, je fumais 5 paquets
de cigarettes par jour, j'étais alcoolique, je ne faisais aucun
exercice, je ressemblais à un clochard, à un véritable
monstre. En fait, j'attendais la mort..."
Aujourd'hui, on réédite les archives du groupe, on réévalue
l'impact historique de sa musique : les gentils garçons de
la plage étaient les musiciens les plus révoltuionnaires
de leur époque. Comme dit Brian, rescapé meurtri mais
rasséréné : Dans ma tête, je suis toujours
un Beach Boys. ensemble nous avons réalisé de petits
miracles, des chansons éternelles. Quelque chose comme une
harmonie qui ne s'effacera jamais..."
