The Beach Boys
Pet Sounds
Capitol EMI

Track Listing

1 Wouldn' it be nice
2 You still believe in me
3 That's not me
4 Don't talk (put my head on my shoulder)
5 I'm waiting for the day
6 Let's go away for awhile
7 Sloop John B
8 God only knows
9 I know there's an answer
10 Here today
11 I just wasn't made for these times
12 Pet Sounds
13 Caroline no
14 Unreleased backgrounds
15 Hang on to your ego
16 Trombone Dixie

Music Planet
sur Arte
The Beach Boys : Endless Harmony
1ère partie Sam 3 avril 00.20-01.15
Redif Ven 16 avril 02.00-02.55
2ème partie Sam 10 avril 00.20-01.15
Redif Ven 16 avril 02.00-02.55

L'avis de Beat Whisky & Poésie

Pour beaucoup, le nom des Beach Boys évoque de petites bluettes "niaises" à écouter en vacances. Cette impression est légitime si l'on se base sur les premiers travaux des Beach Boys ou sur l'impression de légèreté et de simplicité qui se dégage à l'écoute de leurs albums.
Mais les Beach Boys ont aussi su créer, par l'intermédiaire de Brian Wilson, compositeur de génie, de fabuleuses harmonies, époustouflantes de technique, de maîtrises vocales (même si l'on a toujours dit que le succès des Beach Boys était prodigué par cette impression de savoir bien chanter lorsque l'on chante un de leur tube)...
Tout le travail de Brian Wilson est représenté dans cet album au combien culte qui a été réédité en 1990
Un album indispensable, pour un prix très modique (59 francs).Ne manquez pas non plus les rendez-vous de Music Planet (voir ci-dessus).


Des vagues à l'âme
(résumé de l'article de Télérama n°2568)

Ils ont conquis les minettes en bikini et ébloui les Beatles. Mais sous leur rock ensoleillé, les garçons de la plage broyaient du noir...

"Brian, ouvre, c'est moi, Paul, je sais que tu es là !". Le visiteur indésirable qui tambourine ainsi à la porte un jour de 1967 s'appelle Paul Mc Cartney et exerce l'enviable profession de membre des Beatles. La maître de maison se nomme lui Brian Wilson, célèbre pour avoir écrit la plupart des succès de l'orchestre californien répondant au nonm de Beach Boys. On prétend qu'il s'est claquemuré dans l'antre qui lui sert dà la fois de logement et de studio.
Les problèmes psychologiques de Brian Wilson sont aussi complexes que les mélodies qui lui trottent dans le cerveau. A la tête d'une chorale familiale composée de ses deux frères et de ses deux cousins, il s'est vu soudain catapulté Mozart du rock et leader du groupe le plus célèbre des Etats-Unis., enchaînant tube sur tube et tournée sur tournée. Trop de travail, trop de drogues, trop de pression. Ajoutez à cela un père abusif - qui s'est autoproclamé manager avant de se faire virer par ses fils - une industrie discographique rapace qui en réclame toujours plus et un redoutable rival venu d'Angleterre : les Beatles. La coupe est pleine pour Brian.
Il y a trois ans, il a décidé de déserter les concerts, préférant se consacrer à la composition. C'est que le surf, les filles bronzées, le sable californien, il en a ras la casquette. Il veut écrire autre chose que ces scies ensoleillées niaisement optimistes qui ont fait le succès des Beach Boys : des histoires de flirts sous les palmiers et de galipettes dans les vagues, comme Surfin'USA, Surfin' Safari ou Surfer Girl...
Au début , la recette de Brian était simple : mélanger le tempo du rock'n'roll façon Chuck Berry aux harmonies vocales des Four Freshmen, un quintette de jazz des années 50. L'alchimie a si bien réussi que les Beach Boys (ainsi nommés en souvenir de leurs aïeux émigrés en Californie et obligés de camper sur les plages) sont devenus le groupe idéal pour surprises-parties en bikini ou barbecues sur gazon. Et Brian, le grand garçon joufflu et timide, s'est vu contraint de poser en chemise avec une planche de surf sous le bras alors qu'il déteste ce sport.
Avec ses frères, Carl et Dennis Wilson et ses cousins, Mike Love et Al Jardine, Brian a d'autres ambitions : faire mieux que les Beatles qui viennent de sortir un disque aux arrangements d'avant-garde, Rubber Soul; écrire des sortes de "symphonies de poche" qui ne se contenteraient pas des trois accords rituels et des structures traditionnelles du rock. Alors il travaille comme un forcené, peaufinant des contre-chants, superposant ses instruments, parsemant ses chansons de chausse-trapes mélodiques, de sonorités baroques, de brisures de rythmes. Et surtout, laisse transparaître l'insondable mélancolie qui l'habite...
Après le morceau God only knows, une merveille de pureté harmonique, le voilà qui chamboule le format pop avec Good Vibrations (qui devait figurer sur Pet Souns à l'origine), une sorte d'épopée lyrique vocale en plusieurs mouvements, un miracle d'équilibre acrobatique qui semble à la fois d'une vertigineuse complexité dans l'écriture et d'une confondante simplicité pour l'oreille. Le résume de ses recherches, l'album Pet Sounds, paru en 1966, ne recueille pourtant qu'incompréhension du grand public : mais où sont les tubes là dedans ? Les Beatles, eux, sont si impressionnés qu'ils relèveront le défi l'année suivante avec leur disque Sergent Pepper's. Et Brian Wilson épuisera ses dernières forces en tentant de réaliser une oeuvre qui ne verra jamais le jour, le légendaire et fantomatique Smile.
Brisé physiquement et moralement, abasourdi par le décès accidentel de son frère Dennis - le seul de la bande qui faisait vraiment du surf en est mort...- viré par les autres membres du groupe pour d'obscures raisons financières, Brian Wilson disparaîtra pendant vingt ans. Avant de resurgir, en 1988, bourré de neuroleptiques et flanqué d'un psychiatre-businessman un tantinet douteux. "Je pesais plus de 150 kilos, je fumais 5 paquets de cigarettes par jour, j'étais alcoolique, je ne faisais aucun exercice, je ressemblais à un clochard, à un véritable monstre. En fait, j'attendais la mort..."
Aujourd'hui, on réédite les archives du groupe, on réévalue l'impact historique de sa musique : les gentils garçons de la plage étaient les musiciens les plus révoltuionnaires de leur époque. Comme dit Brian, rescapé meurtri mais rasséréné : Dans ma tête, je suis toujours un Beach Boys. ensemble nous avons réalisé de petits miracles, des chansons éternelles. Quelque chose comme une harmonie qui ne s'effacera jamais..."

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