Les Coups de Coeur
de Beat, Whisky, & Poésie

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Charles Duchaussois
FLASH ou le grand voyage
Editions Livre de Poche n° 3730

Mike Leigh
Naked
1993

Verso

De Marseille au Liban, d'Istanbul à Bagdad, de Bombay à Bénarès, en bateau, à pied, en voiture, Charles peu à peu se rapproche de Katmandou, le haut lieu de la drogue et des hippies. Sa route est jalonnée d'aventures extraordinaires. A Beyrouth, il s'associe à des trafiquants d'armes, il participe dans les montagnes du Liban à la récolte du haschich. A Koweït, il dirige un night-club. Au Népal, il devient pendant quelque temps le médecin et le chirurgien des paysans des contreforts de l'Himalaya. C'est enfin l'épisode de Katmandou et l'évocation saisissante de l'univers des drogués : l'opium et le haschich qui font "planer", le "flash" de la première piqûre, le "grand voyage" du L.S.D.
Jamais peut-être un homme, sauvé in extremis, n'était allé aussi loin et avait pu retourner pour dire ce qui se passe tout là-bas.

"A Bernard Touchais,
qui m'a arraché cette confession
."

Librairie Arthème Fayard, 1971
Photo : Sohiez


Charles Duchaussois

Janvier 1970 : Charles, "le drogué français de Katmandou" sauvé in extremis, regagne la France. Les journaux lui consacrent de nombreux articles. Qui est ce garçon de 30 ans ? Qu'a-t-il fait ?
Un an plus tard, soigné, désintoxiqué, Charles Duchaussois nous livre lui-même son histoire, qui est un formidable roman d'aventures vécues. Son moteur : un gigantesque apétit de vivre et de connaître. Son combustible : la drogue, toutes les drogues. Sa chance : un héros qui sait sauter à la gorge des occasions qui se présentent, aussi risquées soient-elles.

Marco Polo de la drogue et des temps modernes, Charles Duchaussois nous fait pénétrer de plain-pied dans les coulisses d'un monde dont nous ne connaissons que l'hypocrite façade.
C. D. est né le 27 janvier 1940 à Montargis.

Fiche Technique

Naked (1993)

Dirigé / réalisé par Mike Leigh


Scénario de : Mike Leigh

Genre: Drame


Casting

David Thewlis .... Johnny
Lesley Sharp .... Louise
Katrin Cartlidge .... Sophie-la-louf
Greg Cruttwell .... Jeremy
Claire Skinner .... Sandra
Peter Wight .... Brian
Ewen Bremner .... Archie
Susan Vidler .... Maggie
Deborah MacLaren .... Femme à la fenêtre
Gina McKee .... Serveuse
Carolina Giammetta .... Masseuse
Elizabeth Berrington .... Giselle
Darren Tunstall .... Facteur
Robert Putt .... Chauffeur
Lynda Rooke .... Victime

Durée : 131 min
Certification : France - interdit aux -12 ans (-18 ans au Royaume-Uni et en Espagne, -16 ans en Finalnde et -15 ans en Suède)

Cannes 1993
Prix du meilleur acteur pour David Thewlis
Prix de la mise en scène

Extraits

(L'arrivée de Charles à Katmandou)

" Nous sommes le 4 juillet 1969.
Dans six mois, à six jours près exactement, je serai dans l'avion qui décollera pour Paris. A moitié mort.
Pour l'instant, en sautant du camion, solide, confiant, j'ai tous les sens en éveil.
Je suis dans une ville asiatique plate, pas très grande, à peine différente des autres, c'est-à-dire qu'elle grouille de monde, qu'on voit partout des coupoles, des temples. Mais celle-là a quelque chose de différent : l'air y est extraordinairement léger. C'est normal, Katmandou est à 1 000 mètres d'altitude et au loin on voit les cimes enneigées de l'Himalaya. C'est cela, ma première impression, ce qui m'a tout de suite frappé : la légèreté de l'air. Il est vivifiant, très oxigéné, revigorant.
Et, ironie, quand je pense aujourd'hui à ce qui m'est arrivé, je me dis : "Au moins, ici, je vais m'oxigéner"

(Peu après...)

"Je suis maintenant comme un vrai fou.
Quand je m'arrête, toutes les heures, pour me shooter, je sors ma boîte à haschisch en fer, je l'ouvre et je me regarde dans la petite glace.
J'ai un visage à faire peur. Mes cheveux sont devenus longs comme ceux d'un vrai hippie, ma barbe, jamais taillée, me mange le visage. Je suis d'une pâleur effrayante.
Un jour, j'ai un accès de curiosité morbide. J'imagine quelque chose qui est bien un macabre caprice de drogué jusqu'au dents. Je place la boîte sur une pierre bien calée, j'incline la couvercle en biais, je me déshabille. Entièrement.
Je me rappelle, je vois les os de mes hanches, effroyablements saillants, et toutes mes côtes qui apparaissent."

Extrait

(la scéne se passe entre "le héros" Johnny qui erre dans le Londres nocturne et Brian, un gardien de nuit qui l'acceuil... - parfait exemple de la qualité des dialogues et de l'état d'esprit de Johnny)

Johnny : Tu connais le livre de l'Apocalypse qui prédit la fin du monde ?
Brian : Je connais la Bible par coeur.
J : J'en suis ravi pour toi. "Elle impose une marque sur la main droite ou sur le front. Et nul ne pourra acheter ou vendre sans la marque, le nom de la bête, ou le chiffre de son nom. Et le chiffre de la bête c'est 666.
B : Je sais. Je connais Nostradamus. Il a parlé de 3 frères. Parlait-il des Kennedy ou de 3 parties de l'URSS ? On ne peut pas savoir.
J : On s'en fout de Nostradamus, 36-15 Astro, Madame Soleil et compagnie. Je parle de la putain de Bible. Que peut-signifier une prophétie aussi précise ? Quelle est cette marque . La marque c'est le code-barre. Ce code-barre qu'on trouve sur le PQ, les capotes et les pâtés en croûte. Chaque code-barre est divisé en 2 par 3 traits. Et chaque trait est représenté par le chiffre 6. 666. T'as bien lu : nul ne pourra acheter ou vendre sans la marque. Et pour supprimer la fraude sur les cartes de crédit et créer une société sans cash... - ils ont testé ça sur les soldats américains - ils vont graver la marque au laser sur la main droite ou sur le front. La chair remplacera le plastique !
Dans l'Apocalypse, quand les 7 Sceaux sont ouverts et quand les 7 anges sonnent leurs trompettes, le troisième fait tomber l'Absinthe du ciel. L'Absinthe empoisonne 1/3 des eaux et 1/3 des terres et beaucoup de gens meurent. Tu sais comment on dit "Absinthe" en russe ? Tchernobyl ! C'est vrai.

Critique

Ma critique...

Charles Duchaussois n'est pas né écrivain. flash est un roman autobiographique, récit du parcours "classique" du junky de France à Katmandou. C'est l'histoire d'un hippie atypique, d'un petit trafiquant débrouillard, au look de touriste (et cela le sauvera plus d'une fois, notamment pour pouvoir renouveler les visas). Charles D au tempérament de leader nous fait voyager, de la France au Magreh, du Moyen Orient à Katmandou. Son périple est jalonné d'anecdotes extraordinaires, d'arnaques et de débrouilles pour trouver de quoi survivre, de joies et de galères.

Les traversées de l'Iark, du Koweit, du Pakistan, de l'Afganistan, ... correspondent à autant d'étapes qu'il peut y avoir dans le cycle de la drogue. Petit "drogué" au haschish, il goutera peu à peu à l'opium, à l'héroîne en passant par la morpine, le LSD, ... . Cette descente aux enfers, car c'est bien de cela qu'il s'agît lorsque l'on voit son état à la fin de son périple où la quête de la veine devient primordiale, s'avère des plus instructives.

Flash est un mélange de voyages, de rencontres fortuites, d'expériences hallucinogènes. C'est un formidable vestige d'une époque, celle de la fin des années 60, de l'ère hippie.
Ce livre n'a pas pour vocation de faire l'apologie des drogues ni de dénoncer leurs conséquences; son caractère est tout au plus descriptif. Ce n'est pas un livre moraliste et c'est en cela qu'il est intéressant. C'est un autre point de vue sur les drogues, plus proche de celui de William Burroughs dans Junky.

A découvrir.


Jupiler - http://www.multimania.com/jupsite

"Flash, en anglais, ca veut dire éclair Pour un drogué, ça veut dire spasme. Le flash, c'est ce qui ce passe dans le corps d'un droqué quand, poussée par le piston de la seringue, la drogue entre dans ses veines. (...)Il n'y a que la piqûre - la piquouze, le shoot - le fixe qui donne le flash. Voilà pourquoi tout vrai drogué, un jour ou l'autre, en arrive fatalement à la piqûre. Et devient un Junkie. Un Dieu. Ou une loque. Au choix." -

Ce livre est une formidable autobiographie d'un orphelin habitant Marseille qui décide d'avoir sa propre autonomie et de se débrouiller tout seul. Malheureusement (ou heureusement, ça dépend du point de vue...), sa vie va être remplie de terribles faits tels la vente d'armes, le travail dans les champs pour produire le shit, le trafic de drogue, la traversée du monde jusqu'à Katmandou et seulement à ce moment, la découverte du hachich suivie de l'opium, de l'héro, de la cocaïne, de la morphine et de toutes les autres drogues trouvable àtravers le monde. Il deviendra junkie puis sortira de cet immense fléau qu'est la drogue... Il sera désintoxiqué et retranscrira cette formidable aventure .

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Critiques

Ma critique...

Que dire ? Naked est un film extraodinaire, un film qui marque et laisse des traces pendant très longtemps. Récit d'un Londres gris, pauvre, intemporel, Naked conduit pas l'impressionant David Thewlis, personnage totalement décalé, en marge du tout londonien, nous entraîne dans une succession de rencontres, d'échanges philosophiques, de discussions "cultes" où le pessimisme règne en maître.

A l'approche du 18 août, il est intéressant de réécouter le point de vue de Johnny sur la fin du monde...


aka.kronos@worldnet.fr - Pas facile d'exprimer ce que l'on ressent après avoir vu "Naked", une série de réflexions, sombres, philosophiques, parfois brutales (tout ne passe pas forcément par les mots de Johnny), lumineuses, bref, au gré de ses rencontres Johnny étale son cynisme. L'Angleterre filmée par Mike Leigh est aussi noire que les pensées de son porte parole, elle laisse si peu d'espoir. C'est un film étonnant, pas forcément engageant mais extrêmement prenant si on se laisse faire, mais on en sort pas intact, loin de là. La performance de David Thewlis est tout simplement parfaite et complètement en phase avec le travail de Leigh, une complicité totale. Peut-être le film est-il un petit peu long, peut-être.


MICHEL CIMENT, POSITIF : "Un film très fiévreux, très vivant. Plus riche, plus considérable que les films de FREARS [SNAPPER] et LOACH [RAINING STONES] que j'aime beaucoup : bons films dans la tradition réaliste anglaise, merveilleusement joués et avec beaucoup d'humour. Ce film est radical, original, fort : on en sort ébranlé : un des 3 ou 4 meilleurs films de cette année [1993]... On peut le rejeter. C'est un film très stylisé sur une base réaliste (un yuppie horrible et méphistophélique est confronté au désespoir et au chômage. On se trouve entre Becket et Céline. C'est un film extraordinairement drôle. On rit, puis, d'un seul coup, on devient totalement paniqué. Tout d'un coup, il fait passer du rire à l'angoisse, constamment... Je pense que LEIGH est un des plus grands cinéastes européens. Par sa façon de diriger les acteurs, il me fait penser à FASSBINDER : même travail sur le langage, l'excès, la théâtralité. Un film qui secoue. Contemporain, vraiment sur la fin du siècle, du millénaire. Très vital... Un film important du cinéma contemporain, dont on se souviendra dans 20 ans..."


ANNE ANDREU, EVENEMENT DU JEUDI : "Ce film peut provoquer fascination et rejet. J'aime plutôt. C'est Mike LEIGH qui crée toutes ces fausses pistes. Son personnage est détestable et fascinant. LEIGH en rajoute un peu dans la saleté. Le personnage est d'une ambivalence permanente. Le problème : chaque moment est un "film en soi". Et le film est une succession de séquences. Au bout du compte, on se dit que le film s'écoute beaucoup penser. Un peu pesant et solennel. Mais un intéressant film d'auteur."