Numéro 33 Rage (février 1998)

Par Stéphane Hervé

Au yeux de beaucoup, Selby est le plus grand. Ecrivain préféré de Lou Reed, de Henry Rollins (qui l'a déjà publié), il est régulièrement cité comme référence et source d'inspiration dans le monde des musiques alternatives. Hubert Selby Jr. est un homme au talent rare, à la sensibilité écorchée, dont chaque livre marque la mémoire et les tripes au fer rouge. Mais c'est avant tout un être humain au caractère et au parcours uniques et fascinants, dont la philosophie inspire le respect. Après avoir défrayé la chronique avec "Last Exit To Brooklyn", "Le Démon", "La Geôle", "Retour A Brooklyn" et "Chanson De La Neige Silencieuse", l'écrivain le plus enragé de cette fin de siècle est enfin de retour, au côté de Nick Tosches, pour un spoken word cinglant et beau, qui arrive à point nommé avant son prochain roman à paraître en mai.

Depuis 30 ans, Hubert Selby fascine, parce que, comme Gœthe ou Celine, il a su pénétrer jusqu'au tréfonds de l'âme humaine pour extraire de sa saleté et de son désespoir une forme d'amour et de beauté des plus pures. A 69 ans, Hubert Selby a traversé la vie en résistant à la maladie, à la folie et aux dépendances les plus féroces, pour finalement sortir, brisé mais grandi, de ces expériences interdites. Selby est un survivant, un vrai. Introduit par Nick Tosches, nous avons pris rendez-vous avec Selby, aujourd'hui tranquillement installé à Los Angeles où nous l'attendrons, avec l'incroyable livre-interview que publia Bayon (from libé'), il y a plus de dix ans, comme compagnon de route.
TO LIVE AND WRITE IN L.A.

Depuis les années trente, L.A. n'a pas vraiment changé, quoi qu'en dise la majeure partie de ses habitants. La capitale californienne, décadente et sordide, se cache plus que jamais derrière une nouvelle façade Hollywoodienne, parfait exemple d'une Amérique qui camoufle son vide spirituel et social derrière un rideau de douche imprimé aux couleurs des studios Universal. Le paraître, le vice et le mensonge ont simplement changé de costume… Hubert, puisqu'il aime qu'on l'appelle par son prénom, habite près de Beverly Hills, dans un petit appartement où s'entassent le courrier du jour, des livres, de nombreux CD ("Du classique, un peu de jazz, mais pas de rock'n'roll."), un petit temple bouddhiste, mais rien qui fasse penser aux plus de deux millions d'exemplaires de "Last Exit…". M. Selby feuillette Rage et sourit devant l'interview d'Edward Bunker ("Ce vieux fils de pute est encore en vie ! Je ne l'ai pas vu depuis au moins cinq ans !"). Hubert conduit une vieille américaine vers un restaurant français du quartier. Un serveur cul-serré "bien de chez nous" s'empresse de prendre la commande ; la bande magnétique peut commencer à s'oxyder. "Nick avait déjà participé, avec d'autres auteurs new-yorkais, à un spoken word publié par Harold Goldberg et tous les deux tenaient absolument à ce que nous faisions quelque chose en commun. On a finalement trouvé le temps et enregistré ensemble dans un studio de L.A.. Nous avons beaucoup lu, mais surtout beaucoup ri et c'est peut-être pour ça que je ne me rappelle pas du tout ce que j'ai pu raconter ! La profonde amitié qui me lie à Nick depuis cinq ans s'est construite de façon très instinctive, peut-être parce qu'on est tous les deux de New York et pas vraiment des Américains. Nous sommes très différents l'un de l'autre d'un pur point de vue littéraire, mais nos styles se complètent étonnamment et nous avons un grand respect pour ce que chacun fait de son côté."
PERDU DE VUE

Pendant plus de 15 ans, suite aux mauvaises ventes de ses derniers livres, Hubert Selby sombre dans l'abîme, la pauvreté. Il est perdu, lessivé, spirituellement à la dérive. Des deux livres qu'il commence à cette époque, un seul verra le jour, cette année. "J'étais vraiment largué, j'ai vécu des moments très difficiles, mon mariage s'est écroulé, ma femme est partie. J'habitais avec mon fils de douze ans et nous survivions avec les quelques dollars de ma pension militaire… Je ne pouvais pas travailler à cause de mon état physique et j'ai passé des heures à pleurer parce que je ne pouvais pas supporter cette vie. Mais, petit à petit, les choses se sont arrangées." Selby reprend donc une vie normale, loin de celle de certains de ses personnages les plus sombres. Des caractères qui frappent encore, 25 ans après leur création, par un réalisme des plus actuels. "J'ai commencé a écrire "Last exit…" il y a 36 ans et il y a encore des gosses, plus jeunes que mon propre fils, qui me disent que ce livre les a marqués. Ça me remplit de joie et montre que je ne me suis pas trompé dans ce que j'ai écrit… Si mes livres sont encore très actuels, c'est parce que des jeunes qui ont vécu en subissant les mensonges de Nixon, de Reagan, de Bush ou de leurs équivalents européens savent reconnaître l'honnêteté et la vérité qu'on y trouve. La rage, l'énergie primale qu'il y a dans mes livres est quelque chose que peut encore ressentir n'importe qui aujourd'hui. Comment veux-tu que la jeunesse se reconnaisse chez des gens comme Norman Mailer ou John Updike ? Je ne dis pas qu'ils ne sont pas de bons écrivains, mais ce qu'ils racontent, le mode de vie qu'ils décrivent n'a rien de réel !" Dans cette jeunesse, il y a aussi le fils de Hubert, qui doit avoir aujourd'hui 28 ans. "Il a eu tout loisir de lire mes livres, je ne lui ai jamais rien censuré, nous en avons beaucoup parlé et je ne sais pas comment ou pourquoi, mais ça en a fait quelqu'un de différent. Enfin, avoir un père comme moi est peut-être une bénédiction, ou une épreuve, il me le dira certainement quand il sera père lui-même !"
SECOND SOUFFLE

A 69 ans Hubert Selby Jr. rayonne, son regard vous donne envie de croire que tout est possible. Rien de sa hargne ne semble avoir été émoussé par les années passées. "Pendant mes premières années d'écriture, jusqu'a "La Geôle", je pense que j'ai écrit uniquement sur des problèmes, alors qu'aujourd’hui je commence seulement à aborder les solutions et la façon d'y accéder. Ce processus avait démarré dans "Chanson De La Neige Silencieuse, mais par la suite j'ai été confronté à de gros problèmes physiques qui m'interdisaient de travailler sur la longueur. J'écrivais pendant deux semaines et je me retrouvais soudainement dans l'impossibilité de continuer, et ça pouvait durer un an. Dans cette situation, il devenait très difficile de retrouver le rythme du récit." Hubert réfléchit un moment. "Ce livre m'a pris tellement de temps et d'énergie qu'il m'est très difficile d'en parler objectivement. Je me retrouve dans une situation nouvelle : j'écris depuis près de quarante ans et j'ai seulement maintenant l'impression de maîtriser cette force. C'est peut-être la plus belle période de ma vie, mais je me sens complètement incapable de l‘expliquer, comme à chaque fois où je me trouve au centre du tourbillon. Putain, j'aimerais que Dieu soit là en ce moment, pour que je puisse mettre mon poing sur la gueule à ce fils de pute !" Dix ans auparavant, lors de son interview avec Bayon, Selby paraissait perdu dans un étrange magma pseudo-religieux. Aujourd'hui, son environnement spirituel semble s'être stabilisé. "Je comprends très bien que les jeunes quittent les églises, quand tu vois que tout ce qui touche à la religion n'est synonyme que de pouvoir et d'argent ! Mais le paradoxe est qu'ils délaissent Dieu et vénèrent en même temps un idéal comme la célébrité qui n'est que le reflet de ce même pouvoir, de ce même argent." Selby réfléchit. "Pendant toute ma vie, je suis allé d'extrêmes en extrêmes, sans jamais être satisfait, jusqu'à ce que je finisse par trouver en moi les réponses à mes questions, mes angoisses. Cette démarche spirituelle, on ne te l'apprend pas à l'école. Ce qu'on t'y enseigne, c'est quoi penser, pas comment penser. Aux USA, tu vas à l'école pour avoir plus tard un bon travail, qui te permettra d'acheter beaucoup de choses… et donc d’être heureux."

SUR LES TRACE DU DEMON…

Nous revenons aux quatre livres qui firent le mythe Selby. Aujourd'hui, l'auteur peut sereinement revenir sur cette période. "Je ne pourrais plus écrire sur ce genre de sujet abordé dans "Le Démon" ou "Last Exit To Brooklyn", parce que j'ai déjà fait le tour de la question. Je ne peux plus retourner là-bas, la motivation qui m'a conduit dans ces endroits a disparu… quelque part, je pense que je suis revenu dans ces zones sombres de mon esprit avec "Retour à Brooklyn" et dans ce que j'ai écrit par la suite, mais je l'ai fait par des moyens détournés, avec une approche différente, comme on le fait dans le jazz ou le classique quand des musiciens travaillent autour d'un thème récurent." Alors que les ventes de "Last Exit…" explosent aux USA, ses trois autres livres sont, eux, rejetés par la critique. L'Amérique a eu peur de la vérité de Selby. "J'ai été très affecté par le rejet de "La Geôle" ou du "Démon"… enfin, je suis loin d'être le seul à avoir subi ce sort. Regarde Herman Melville, "Moby Dick" a été traîné dans la boue, ridiculisé et il a fini sa vie en faisant des petits boulots. Encore à l'heure actuelle, les gens ne sont pas prêts à accepter le fait que les artistes aient une sensibilité différente qui leur permet de voir des choses qu'ils ne voient pas eux-mêmes, qu'ils n'imaginent pas exister, alors qu'elles sont là, dehors, sous leur yeux ! Les problèmes financiers de notre société poussent beaucoup de gens à mettre leur énergie artistique et leur intelligence uniquement au service de l'argent et je suis triste pour ceux qui vivent ainsi, ils ne seront jamais satisfaits ! De plus en plus de gens ont peur de perdre ce qu'ils ont, de ne pas pouvoir acquérir ce qu'ils veulent et pour eux, donner ou communiquer devient quasi impossible. C'est aussi difficile d'oublier son ego… mais il faut réaliser qu'il n'est que mensonge et qu'on peut décider de ne pas agir en fonction de ce qu'il nous dicte. L'ego veut nous faire croire que la séparation est insupportable : "Ça y est tu es seul, tu n'as plus rien, ils sont là pour avoir ta peau, tu vas mourir fils de pute ! ", alors que c'est faux, rien ne peut te séparer de ta source ! " Hubert reprend son souffle et rigole de son long monologue. Le discours de l'écrivain est profond et simple, à l'opposé de celui des spécialistes qui compliquent leurs discours afin de garder information et pouvoir. Hubert Selby, lui, vulgarise. "Je n'ai jamais pu me pencher sérieusement sur les livres de philo ou de psycho, quand j'en lis, j'ai l'impression que le vocabulaire est le même que le nôtre mais avec un sens totalement différent. Les informaticiens, comme les hommes de loi, se sont créé un langage qu'ils font évoluer constamment, histoire que le grand public s'y perde à chaque fois qu'un nouveau système apparaît. Ce ne sont pas les ordinateurs eux-mêmes qui évoluent, ce sont les hommes qui changent leurs façons de fonctionner."

LE DOUBLE FOND

Les livres d'Hubert Selby Jr. ont suscité des réactions les plus folles, les plus fanatiques. Entre le retentissant procès qu'une ligue moralisatrice anglaise fit à "Last Exit…" et les nombreuses analyses de son œuvre, le cas Selby n'est jamais vraiment classé. "De nouveaux lecteurs ou des universitaires mettent toujours le doigt sur des choses que je n'avais pas notées moi-même. Il y a, entre autres, James R. Giles, un écrivain américain, qui a fait récemment un livre sur mes travaux, ainsi qu'une jeune Parisienne, Antoinette, qui fait sa thèse sur moi. C'est une jeune femme qui a beaucoup de talent et qui donne de nouvelles perspectives à ce que j'ai écrit. Ses différentes interprétations sont toujours très excitantes… c'est souvent le cas quand elles viennent de femmes, d'ailleurs." Les femmes, qui auront intensément suivi la vie de Selby. "Je rêve de voir des élections dans lesquelles les femmes auraient la majorité, ça éviterait certainement au monde d'aller à sa perte. Mais les hommes ont trop peur de perdre leurs petits privilèges et ils ne font rien qui puisse nuire à leur suprématie. Regarde, partout dans le monde, les femmes sont brimées, on les écarte des postes où elle pourraient prendre des décisions ou on les empêche d'y accéder ! C'est malheureusement la triste histoire de l'univers : certains ont le pouvoir, ne veulent pas le perdre et les autres se battent pour l'avoir à leur place ! Regarde les présidents des Etats-Unis, ils mentent, ils trichent, mais ils finissent quand même présidents !" "Mais Clinton, lui, n'avale pas la fumée.

L'ANGE

Hubert Selby Jr. a repris une vie normale, méritée, il passe enfin de nouveau du temps à écrire et à se distraire. "J'adore le cinéma, j'y vais au moins une fois par semaine et quand je rentre dans la salle, que la lumière s'éteint… j'ai des frissons, tout me fascine ! Les films à la télé, les TV Shows, tout cela n'est pas mon truc et je trouve que ça n'est pas bon pour les jeunes. La violence, comme toutes les émotions, quand tu la vis enfermé dans une salle de ciné, n'est pas associée au quotidien, c'est du ci-né-ma ! Chez toi, tu subis ton environnement, les pubs, les hurlements de ta famille… J'ai participé à l'adaptation de "Last Exit…", cette expérience m'a fait comprendre la façon de fonctionner du cinéma : le script, les techniciens, les producteurs et toutes les contraintes… ça a cassé la magie. Le processus cinématographique me fascine, mais pas les compromis qu'il faut faire pour réaliser un film décent. J'ai écrit quelques scénarios, il y en a un qui a même été tourné en Suisse, mais personne n'en a jamais entendu parler !" Après le fou rire de Selby, nous revenons à l'information. Comme un certain nombre de citoyens critiques envers leur pays, l'écrivain ne peut que constater le gouffre existant entre les faits et l'interprétation qu'en donnent les médias. "Parfois, ça devient même ridicule, on entend partout que la violence fait rage, que nous sommes au bord de la guerre civile et pourtant les statistiques officielles, celles qui ne sont jamais diffusées au journal télé, expliquent que le crime a énormément diminué partout aux USA ! Ce troisième pouvoir politique agit de la sorte pour maintenir la population dans un situation de peur, alors, les gens restent chez eux parce qu'ils sont persuadés que dehors… "C'est la mort qui vous attend à chaque coin de rue !" Il ne faut pas s'étonner que les gens finissent par perdre tout instinct de bonté… On doit pourtant aider les pauvres, les enfants et tous ceux qui en ont besoin, même à un petit niveau. J'écris des textes pour Amnesty International depuis plus de vingt ans, dès que j'en ai l'occasion j'aide les gens autour de moi, ça n'est pas grand chose, mais c'est juste important de le faire."

RETOUR A BROOKLYN

Même quand il aborde les sujets les plus sérieux, Selby rit beaucoup, il semble vivre enfin détaché de la noirceur qui a fait sa renommée. Quand on lui parle de la Big Apple, ce sont les meilleurs moments qui lui viennent à l'esprit. "Pendant des années, j'ai été vraiment heureux à New York, mes amis d'enfance étaient presque tous artistes, on allait au cinéma et pour un ou deux dollars on passait une soirée entière dans les club de jazz où croisait Miles Davis, Coltrane… L'important, c'est qu'on passait notre temps à parler, à échanger des idées. Ici, à L.A., je côtoie d'ailleurs beaucoup d'ex-New-Yorkais et je passe aussi du temps avec ma femme. Elle a passé des moments très difficiles quand nous nous sommes séparés, mais j'ai été présent, comme elle l'a été pendant les moments les plus sombres de ma vie. Maintenant, avec le temps, nous avons de nouveau une relation très forte." Selby prend un rythme plus posé. "Je suis persuadé que l'amour est la seule véritable façon de communiquer. La seule chose qui s'y oppose, c'est la peur et elle peut prendre des formes aussi diverses que le besoin de posséder, qui n'est que la crainte de manquer. L'amour de tes semblables permet de transcender ton ego et t'évite de succomber aux pulsions commandées par cette peur. Je ne pense pas qu'il y ait de mauvaises personnes… mais en essayant sans cesse de camoufler ses émotions, l'homme a développé une capacité énorme à cacher son amour." Nous quittons le restaurant, Hubert reprend le volant et nous roulons en direction de mon hôtel. Il parle de Rollins, de Lawrence Block qu'il connaît depuis plus de vingt ans, mais aussi des nouvelles plumes qu'il a croisées. "Au hasard, j'aime bien Tarantino, Michael Stevens, Richie Price, qui sont extraordinaires, mais je tombe aussi trop souvent sur des auteurs considérés comme des révélations… à qui je concède une bonne technique littéraire, mais dont la seule chose que je retienne est un énorme ego et pas de cœur !" L'autoradio diffuse du classique non-stop, les numéros de Beverly Hills défilent. L'écrivain me dépose devant mon hôtel. Avant qu'il parte, je lui demande quels sont ses plans pour le futur. Il me répond en souriant. "Rester en vie, respirer aussi longtemps que possible, garder mes affaires personnelles en ordre pour ne déranger personne quand je mourrai et puis, profiter encore un peu de la vie. La vie est une salope, mais c'est la seule qu'on ait…"
Merci à Bayon pour "Selby de" Brooklyn" (Christian Bourgois), à Tosches pour son amitié, à Selby parce qu'il est le meilleur.

"Last exit to Brooklyn" Albin Michel 1970/Edition : US Grove Press 1957
"La Geôle" Speed 17 1977/Edition US : Grove Press 1972
"Le Démon" Speed 17 1977/Edition US : Playboy Press 1976
"Retour à Brooklyn" Speed 17 1980/Edition US : Playboy Press 1978
"Chanson de la neige silencieuse" Editions Quai Voltaire1988/Edition US : Marion Boyard1986
Réédition Française de "Last exit to Brooklyn", "La geôle", "Le Démon" et "Retour à Brooklyn" chez 10/18
Selby lit aussi des passages de "Last Exit to Brooklyn", "Chanson de la neige silencieuse" et des textes inédits sur "Live In Europe 1989" un Cd de spoken words publié par Henry Rollins (2.13.61. Publications, P.O.Box 1910 Los Angeles, CA 90078 USA ou 2.13.61. Ltd., 29 Beethoven St. London England W104LG)
Selby a également collaboré et lu des textes avec Lydia Lunch sur un double vinyl sorti sur son propre label ( "Our Father Who Are Not In Heaven" We Do Speak Rec. 1993) et il fait régulièrement des lectures dans des cafés-concerts et clubs de jazz, accompagnés de musiciens new-yorkais.