Le ragoût du septuagénaire
Je crois que c'est la raison principale qui m'a poussé à devenir écrivain : je peux taper n'importe quand et dormir quand çà me plait nom de dieu.
L'enfance,
Los Angeles, le vin, la médiocrité ordinaire, le conformisme
ambiant, les bistrots, la solitude, le sexe, les rêveries, la vie désaxée,
chaotique, triviale, tour à tour comique et tragique : tels sont les
thèmes que l'on retrouve dans ce livre, le dernier publié par
l'auteur de Pulp et du Journal
d'un vieux dégueulasse, mort en 1994.
Récits et nouvelles en prose alternent avec des poèmes aux rythmes
saccadés, trébuchants, irréguliers, d'une limpidité
simple et déchirante. Les personnages sont des copains de saoulerie,
les femmes, les serveuses, les employés, toute une humanité
banale que l'écrivain, par-delà ses provocations et ses outrances,
n'a jamais cessé de regarder, de comprendre, d'aimer à sa façon.
Ce
ragoût pourrait bien être le meilleur livre de Bukowski en ce
qu'on n'a pas souvenir de l'avoir jamais lu aussi sincère et précis
dans son écriture aussi radicalement asociale.
Bertrand Leclair, Les Inrockuptibles