Bret Easton Ellis

"Les Trois meilleurs écrivains américains vivants sont Bret Easton Ellis, Bret Easton Ellis et Bret Easton Ellis. Tous les autres donnent sommeil (...). On lui reproche de ne parler que de sexe, de violence et de fric, mais c'est l'Amérique qu'il décrit - le pays qui mélange ces trois ingrédients. Dans Zombies, son quatrième livre, il enfonce le clou. On retrouve ses héros superficiels qui hésitent entre se tuer, regarder MTV ou reprendre un Valium (...). C'est un livre incroyable. Ellis fait précisément à la littérature ce que Basquiat a fait à la peinture : la réveiller." - Frédéric Beigbeder, Elle

Traduit de l'américain par Bernard Willerval

L’univers de BEE est composé de strates récurrentes. Tous ses personnages sont jeunes, beaux riches camés et damnés. Zombies ne fait pas exception à la règle, son monde est celui de " moins que zéro ". La Rome antique en pleine débauche, ou plus exactement le Los Angeles de 1982, juste avant le sida. En ces temps reculés Bryan Metro, la célèbre rock star, peut violer les groupies de son world tour sans se préoccuper de mettre une capote. Et ce qui arrive de pire à Jamie le vampire, c’est de sucer un sang plein de lsd avant de tomber dans les vap’.
Zombies est un livre impressionniste se découpant en treize chapitres. Treize narrateurs différents qui se connaissent tous. Treize récits porte-malheur conclus par Bruce, l’extra-terrestre vieux de 400.000 ans qui détruira la terre au 24e siècle, ainsi qu’il le déclare en visitant... un zoo. BEE l’entomologiste s’interroge. Que se passerait-il si une étudiante de Camden allait passer quelques jours chez ses grand-parents, propriétaires d’un studio de cinéma à Hollywood ? On l’apprend dans les lettres qu’elle adresse à Sean, l’amant invisible, une vieille connaissance des habitués de Bret Easton Ellis. Anne découvre les Mercédès, les vitamines et la coke. Travaille sur des scripts avec le scénariste de Miami Vice. Elle n’a que 20 ans mais prétend en avoir 16, parce que tout le monde a l’air si jeune ici. Heureusement il y a une morale. Elle décide de rester et découvre les vraies valeurs : j’hérite aussi de la Ferrari de Randy , donc tu vois je ne suis pas totalement écervelée ! Et que se passerait-il si une rock star allait au Japon ? elle y importerait son mode de vie. Violer les femmes de chambre, tabasser ses groupies, se bourrer de coke. Et répéter inlassablement au rythme d’une mélopé morbide Je suis Bryan ... tandis que son agent lui rétorque tout aussi inlassablement qu’il n’est qu’une sous-merde. BEE se parodie lui-même. Il est conscient de se répéter et force volontiers le trait. Ainsi l’amarante sèche que croisent les personnages du roman dès les premières pages, et que l’on retrouve tout à fait à la fin du livre sur le chemin d’un crocodile.
Est-ce ainsi que nous voit Bret Easton Ellis ? des prédateurs en cage ? c’est nous faire trop d’honneur.

Robert Laffont 277 pages 129FF


Romain Duris (celui de Peut-être de Kalpisch)
tiré de Epok (magazine Fnac)

Mon dernier bouquin marquant : Zombies, de Brett Easton Ellis. Je ne lis pas des masses, mais quand une nana que j'aime bien me conseille un ouvrage, je fonce; sinon je me sens bête. J'aime les auteurs qui ont une vision pénétrante de la vie réelle, comme John Fante et surtout Bukowski.